samedi 31 octobre 2009

USA. TV. "Breaking bad", vive la chimie!


Si comme moi, vous avez dormi pendant vos cours de chimie, et êtes resté persuadé depuis qu'il ne doit y avoir rien de plus ennuyeux au monde que le comportement de molécules triturées sous un microscope et plongées dans un liquide peu engageant dans une éprouvette, "Breaking Bad" est fait pour vous.

Non qu'il changera votre point de vue sur le côté intrinsèquement assommant d'un prof de chimie. Mais Walter White, ancien génie de la chimie et aujourd'hui prof dans un lycée quelconque de New Mexico, a déjà gagné sa place au panthéon des anti-héros. Walter, cinquantenaire aigri et renfermé, pas beau et pas charismatique pour un sou, ne semble plus attendre que la retraite avec une résignation qui fait peine à voir, entouré de sa femme (plus jeune que lui) et de son fils, un ado attardé et handicapé.

Mais deux évènements vont venir chambouler sa vie. Sa femme tombe enceinte et on lui diagnostique un cancer des poumons en phase terminale qui ne lui laisse au mieux que deux ans d'espérance de vie.

Paniqué à l'idée de laisser sa petite famille dans le besoin et plongée jusqu'au cou dans les dettes, il cache sa maladie à ses proches et s'associe à Jessee Pinkman, un ancien élève et cancre de la classe devenu petit dealer. Son idée? Se servir de ses connaissances en chimie pour fabriquer de la methamphetamine et déléguer à Jessee la commercialisation de la drogue.

Walter pique dans le labo de l'école tout ce dont il aura besoin et se sert de ses économies pour acheter un camping car qui devient leur labo roulant. Malheureusement pour Walter, faire de l'argent rapidement avec la drogue, n'est pas si facile. Et à la fin du pilote de la série, il va se retrouver en slip dans le désert, avec deux cadavres dans le camping car, et Jessee dans un état indéterminé.

Le pitch fait un peu penser à "Weeds" où une mère sans histoire de la classe moyenne s'improvise dealeuse d'herbe pour nourrir ses deux jeunes enfants suite à la mort de son mari. De plus, tout en jouant sur la corde de l'impolitiquement correct et en dénonçant l'hypocrisie du système américain, "Weeds" et "breaking bad" montrent tous deux à quel point il est difficile de survivre dans le milieu de la drogue hyper violent et où l'argent n'est jamais facile. La morale est donc sauve.

Reste que comme "Weeds" (toujours très en forme alors que la série vient de finir sa cinquième saison), "Breaking Bad" est un petit chef d'oeuvre. Tourné quasi sans lumière ajoutée, ce qui a pour effet d'accentuer les ombres et de donner un ton quasi documentaire aux images, la série est remarquable par la qualité d'écriture et encore une fois par l'interpréation (Bryan Cranston qui joue Walter est tout simplement incroyable). Contrairement à "Weeds", "Breaking bad" est un drame, glauque au possible, mais pourtant illuminé par des pointes d'humour noir et l'humanité de ses personnages, ce qui lui évite de tomber dans le sordide. Le résultat impressionne par sa justesse alors que la série marche constamment sur le fil du rasoir.

Bref, je ne saurais que vous recommander de vous plonger dans cette série lancée par AMC Networks en 2008. Deux saisons ont déjà été diffusées et une troisième saison devrait voir le jour en mars 2010.

Un petit mot sur le créateur de la série Vince Gilligan né en 1967. On ne l'attendait pas dans un tel registre puisque ces précédents travaux en tant que scénariste, réalisateur ou co-producteur l'ont amené à travailler sur le film "Hancock" avec Will Smith ou les séries de Chris Carter ("The X-Files" et "The Lone Gunmen"). Il a signé avec "Breaking bad" son chef d'oeuvre qui lui a déjà valu d'être nommé deux fois aux Emmy Awards.

lundi 5 octobre 2009

USA. TV. "Royal Pains". Quand les Américains ne se foulent pas



Les scénaristes et producteurs américains, ils sont comme tout le monde. Ils n'ont pas envie de passer leur temps à travailler comme des mulets pour des clopinettes. Alors parfois, ils jettent un coup d'oeil aux chiffres d'audience, et se disent "Tiens voici ce qui marche actuellement. Et si je faisais la même chose?". Mais bon ils veulent pas non plus se faire accuser de plagiat, alors ils vous sortent un concept de leur chapeau tellement accadabrantesque que ça fait bien rire.

La meilleure série du genre lancée l'année dernière était "Royal Pains". Ses deux créateurs (Andrew Lenchewski et John P. Rogers), deux brillants lauréats du prix Nobel de la fiction télé, se sont donc dit : "Voyons, il y a deux trucs qui marchent bien, ce sont les séries médicales et les séries bling bling. Pourquoi pas faire du médical bling bling (ou l'inverse)?". Bon, je trouve cette analyse un peu courte, on aurait pu mettre aussi un peu de policier. Mais c'est vrai que "Dr house", notre Sherlock Holmes de la médecine, a déjà pris la place.

Donc, va pour le bling bling et la médecine. Dans le premier épisode de la série, nous découvrons Hank Lawson, jeune brillant médecin des urgences, qui habite dans un très beau loft, conduit une très belle voiture décapotable, et va bientôt se marier avec une blonde. Le rêve, quoi. Mais un jour, débarquent aux urgences deux cas désespérés. Hank doit choisir qui traiter en priorité, et manque de bol, choisit le jeune pauvre au détriment du vieux riche. Ce dernier meurt, et Hank est viré. Il tente de faire passer sa dépression en sirotant de la bière devant la télé, mais évidemment au bout de quelques semaines de ce règime, la blonde (avec laquelle il devait se marier) le largue et les huissiers viennent saisir tous les meubles du joli loft de Hank.

Heureusement, Evan, le gentil frère de Hank, va prendre les choses en mains et obliger Hank à partir en week-end en voiture décapotable (tiens! les huissiers l'ont oubliée celle là) dans les Hamptons (la côte d'Azur des New Yorkais, mais en beaucoup plus riche hein!). Là notre Hank va se retrouver malgré lui médecin privé de tous les gros richards du coin, et il logera gratos dans une propriété privée luxueuse. Evan l'aide à monter sa société, ils recrutent une jolie jeune femme (qui a déjà un véhicule tout équipé, chouette!), et Hank trouvera même une nouvelle superbe jeune femme à aimer, la directrice de l'hôpital pour pauvres du coin!

C'est très, très con, mais nos deux prix Nobels de la fiction télé ont vu juste. Ça marche! Avec des pics à six millions de téléspectateurs, la série s'est vu offerte une seconde saison à la fin juillet par USA Network.

Évidemment, c'est loin d'être la seule série opportuniste lancée dernièrement. Tenez depuis quelques semaines on a droit à "The vampire diaries" (sur The CW), une bluette pour ados avec des vampires dedans! Ça vous rappelle rien?

Mention spéciale aussi pour "Lie to me", une série lancée en janvier 2009 sur Fox Network, et qui tente de reproduire le succès de Dr House avec cette fois-ci un expert du langage du corps et des expressions faciales dans le premier rôle. Comme le Dr House, c'est un expert qui déclare dès le premier épisode de la série que "tout le monde ment", il mène la vie dure à son équipe, et décrypte les tics de ses victimes avec autant de génie que le Dr House en met dans ses diagnostics. Et pour enfoncer le clou, nos amis les producteurs américains se sont dit qu'il fallait aller chercher un autre grand acteur anglais pour tenir le premier rôle ("puisque ça a marché pour Dr house, ça peut aussi marcher pour nous, non?") : le fabuleux Tim Roth qui avait probablement besoin d'un peu de cash.

UK. TV. "How not to live your life", portrait d'un branleur


"How not to live your life" est une sitcom écrite et interprétée par Dan Clark, et diffusée depuis 2008 sur BBC Three.

Dans cette série, Dan Clark joue le rôle de Don, un branleur névrosé de 29 ans qui vient d'hériter d'une maison après le décès de sa grand mère. Cette dernière l'appelait constamment "Tête de noeud" et ce surnom lui est resté. A voir Don vivre au quotidien il n'est guère étonnant de constater que tous ceux qui ont l'occasion de l'approcher sont du même avis.

Même si le notaire le traite de tête de noeud, et lui annonce qu'il va devoir payer des traites, Don est quand même heureux d'emménager dans une grande maison. Ok, la déco a l'âge de sa défunte grand mère, et Eddie, l'homme à tout faire de sa grand mère a décidé de rester s'occuper de Dan. Mais s'il y a une chose qu'on peut bien dire de Don c'est qu'il sait s'adapter à toute situation, surtout quand elle lui est favorable.

Eddie est son homme à tout faire, serviable et très naïf, et ils forment rapidement un vieux couple à tous les deux. Don se met à porter la vielle robe de chambre de sa grand mère, regarde la télé, joue de la guitare nu dans son salon, et ne sort que pour aller se bourrer et essayer (en vain) de draguer tout ce qui bouge. Rapidement il prend une belle colocataire, la superbe Abby, mais elle a un petit ami (l'insupportable fils à papa Karl) dont il va essayer de se débarrasser à tout prix. Avec le succès que vous immaginez.

La série est souvent très drôle. Dan Clark est vraiment très bien dans ce rôle d'anti-héros absolu, qui est tellement risible qu'il finit presque par attirer la sympathie. Bon, on voit énormément l'influence de l'inénarrable Rik Mayall, dont il reprend largement le jeu, les mimiques et la fascination pour les personnages vulgaires et antipathiques. Mais Don ne se suffit pas à lui-même, et la série bénéficie également d'un excellent casting : l'homme à tout faire Eddie (David Armand), les charmantes et superbes colocataires (Abby dans la saison 1 et Samantha dans la saison 2), la vielle voisine irascible...

Petite originalité de la série, les petites séquences du style "5 choses à ne pas faire au restaurant", "4 excuses à ne pas donner pour un retard" ou encore "4 mauvaises excuses pour se retrouver dans un placard". Idée que Dan Clark avait déjà exploitée dans deux petites comédies écrites avec Gary Reich pour Paramount Comedy 1 : "Dan Clark's guide to working" et "Dan Clark's guide to dating".



Bref, ce n'est pas la sitcom du siècle, mais elle vaut vraiment le coup d'oeil. Il ne serait pas étonnant que vous finissiez par rire plus souvent que vous ne l'auriez voulu ("non! je ne vais pas rire à ça! pas question! Je suis quelqu'un de distingué, moi, Monsieur!"). Mais il faut bien l'avouer, cette série est drôle.