jeudi 16 juin 2011

TV. France. "De l'encre", ça rappe ou ça casse?


"De l'encre" est un téléfilm produit par Canal Plus dans le cadre de la Nouvelle trilogie, un espace ouvert aux jeunes créateurs qui font leurs premiers pas dans la fiction TV. Ici, c'est le groupe de rap La Rumeur qui s'y colle avec ses leaders Hamé et Ekoué qui ont coécrit et coréalisé ce téléfilm sur le milieu du rap français.




L'histoire est basée sur un sujet original, le ghost writing dans le milieu du rap. Pour quelques milliers d'euros et pour aider sa mère qui ne peut plus payer le loyer, l'héroïne Nejma, 22 ans, qui "écrit génialement bien et tient le micro avec une rage unique", accepte d'écrire dans l'ombre de Diomède, un slameur propret et « acceptable ». Evidemment tout se finira dans les larmes, mais arrivera-t-elle à remonter la pente? "Sa descente aux enfers dans un milieu dur fera des morceaux de Rap d'une incroyable puissance".

Tout d'abord soulignons les aspects positifs. Le téléfilm est interprété avec qualité par une bande de comédiens sympathiques, Karine Guignard (Nejma) en tête. La réalisation est également de qualité avec un cadrage qui reste peut être un peu trop collé aux acteurs (du coup difficile de sentir la vie autour - mais c'est peut être fait exprès).

Non, le problème se situe plutôt au niveau des personnages et du scénario. Le téléfilm regorge d'une palanquée de personnages caricaturaux (le père truand pour survivre mais au grand coeur, la mère courage, la si gentille vieille dame délaissée par son fils dont la mère de Nejma s'occupe, le slameur un peu concon,...), ses méchants très méchants (le patron du label de disque of course odieux avec tout le monde même avec son fils à qui il offre un portable pour qu'il appelle sa mère et pas lui - "Allez! Arrête de m'appeler, j'ai du boulot!" -, oh! le vilain!, la femme du patron en question qui embrasse sur la bouche l'innocente Nejma qui a juste accepté d'essayer une robe - bourgeoise et gouine avec ça! ou encore le patron de la radio qui répète en boucle "bon ça me rapporte quoi?").

L'histoire est finalement attendue avec la petite Nejma qui trouvera finalement une combine pour niquer la boite de prod et sortir enfin son propre disque (twist final bouclé en deux ou trois minutes bon difficile d'en faire plus). Le téléfilm perd toute sa force à cause de ses caricatures et de ses poncifs (sans aucun effet comique donc on est bien obligé de les prendre au premier degré), et finalement sa gentillesse un peu neuneu (ce qui est vraiment surprenant alors que l'histoire a été écrite par des rappeurs).

Bref "De l'encre" aurait pu très bien être diffusée sur TF1 à 21h. C'est gentil et grand public comme le slameur du téléfilm. Dommage que le scénario ait été écrit à l'encre sympathique, du coup ça ne va pas laisser beaucoup de traces.

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