jeudi 29 août 2013

TV. USA. "House of cards", l'ambition politique passée à la moulinette


"House of cards" est l'une des premières séries de fiction originale lancées par Netflix, entreprise américaine qui distribue films et séries via un abonnement mensuel.

Et pour ses débuts dans la production de séries, Netflix a fait preuve d'audace et d'ambition (en tout cas sur ce projet). "House of Cards" est une satire exceptionnellement noire sur l'ambition politique interprétée par Kevin Spacey et Robin Wright, et produite par David Fincher (Seven, Fight Club) qui a réalisé également les deux premiers épisodes. Le tout bénéficiant d'un budget de 60 millions de dollars.


Quand on sait que, cerise sur le gâteau (ou pas !), la série est tirée d'une trilogie de romans britanniques déjà adapté brillamment par la BBC en 1990, la curiosité s'impose. La série américaine revendique la filiation avec sa grande soeur britannique. Andrew Davies qui avait signé l'écriture de la série britannique a ici un rôle de producteur exécutif.

Et de fait, même si l'action est replacée à Washington, "House of Cards" version US n'est pas une version édulcorée de la série britannique. Le personnage central de Francis Underwood (Francis Urquhart pour la BBC) est totalement ignoble dans les deux versions. Il parle également régulièrement au téléspectateur, livrant ses pensées ou décryptant tel ou tel événement. Kevin Spacey, comme le génialissime Ian Richardson dans la version UK, excellent dans ce petit exercice pas évident. Briser le 4e mur est toujours délicat dans une fiction audiovisuelle. Ici c'est très bien utilisé et interprété.

Responsable de la discipline au sein du parti démocrate à la chambre des représentants, Francis Underwood rêve de devenir vice président. Mais lors des primaires, il a parié sur le mauvais cheval, et est à présent en situation de disgrâce. Francis Underwood ne va pas se laisser abattre. Sous ses airs d'homme civilisé à la poignée de main franche et facile d'accès, Francis Underwood est un homme politique amoral, prêt à tout pour arriver à ses fins, jusqu'à détruire moralement et physiquement les gêneurs voire les tuer ! Un être humain n'a pour lui de valeur que celle qu'il peut lui apporter dans sa quête du pouvoir.

Comme dans la série de la BBC, notre Machiavel va entretenir des rapports d'intérêt, puis sexuels, avec une jeune journaliste ambitieuse. Celle-ci va permettre à Underwood d'orienter l'information selon ses besoins. Quant à la jeune femme, elle va gagner quelques informations exclusives de premier choix et va rapidement monter en grade.  La relation malsaine entre les deux personnages est bien retranscrite à l'écran par Kevin Spacey et Kate Mara... Bon pour le public français les couples homme politique - journaliste sont malheureusement bien plus courants et le concept même de cette relation contre nature y est moins choquante que dans les pays anglo-saxons).

Petit plus de cette version US, le personnage de la femme d'Underwood, interprétée à l'écran par Robin Wright, et qui était transparente dans la version UK (si mes souvenirs sont bons). Ici elle travaille dans l'humanitaire (!) et forme avec son mari un couple exquis de beaux salopards.

Une série sans pitié à découvrir d'urgence donc et qui ne part pas dans des sujets trop politiquement complexes et techniques. Les personnages restent au coeur de l'intrigue et on ne s'en plaindra pas.

MAJ (11 mars 2014) : la saison 2, mise à disposition par Netflix en février 2014, confirme tout le bien qu'on pense de la série même si celle-ci  perd un peu à mon goût en crédibilité.

La première saison de "House of Cards" a été diffusée en France sur Canal Plus à partir du 29 août 2013

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